Être une femme

Ce billet fait partie de l'initiative Bloguer pour les femmes d'Alexandre Lussier

Je ne suis pas féministe parce que j'aime les femmes ou non, je suis féministe par humanisme. Et quand la femme constitue plus de la moitié de l'humanité, je vois mal comment je pourrais ne pas l'être. Je le suis parce que plus que tout, l'Autre m'interpelle. L'Autre qui, de part sa complexité et son individualité qui lui est propre, m'échappe comme il me fascine et m'interpelle. Laisser l'Autre est dans tout ce que son existence peut comporter. Et c'est bien de cela, avant toute chose, qu'est né le féminisme. Le droit d'être. Le refus de se voir imposer, socialement, politiquement, légalement, ontologiquement, une existence prédéterminée et d'emblée catégorisée par le dominant (dans ce cas-ci, l'homme). Le droit à la liberté de sa propre détermination.

Cette lutte n'est pas banale, au contraire. Elle demande un courage sans précédent. La liberté ne se gagne pas en criant son nom. On ne devient pas femme en disant qu'on veut devenir femme. Cela impose une redéfinition complète de son identité et de son être. Elles l'ont fait. Au prix de beaucoup. Au prix d'exclusion, du mépris, de la violence symbolique, physique et psychologique. Et au prix, encore pire, de la dérision constante.

Se faisant, ce n'est pas seulement la femme que la femme à libérée et remise en question. C'est la notion de genre au complet. C'est l'homme aussi qui s'est vu sortir de son carcan pour se redéfinir. On mesure mal encore aujourd'hui les répercussions d'un tel événement.

Ce n'est pas terminé. Reste encore la race infecte des masculini qui ne peuvent supporter de voir leur identité remise en question. Qui trouve que les féministes sont allées "trop loin". Ceux qui considèrent que l'homme est "en crise" (parce d'évidement la femme ne l'a jamais été).

Quand l'homme se verra refuser le droit de vote, quand il se fera payé moins cher qu'une femme, qu'il se fera refuser des postes économiques et politiques de pouvoir pour son genre, qu'il sera discriminé, voir même ignoré totalement par la loi et ce pendant plus de deux millénaires, alors, oui, peut-être qu'on pourra parler de crise. Pour l'instant, il n'y a vraiment rien pour s'exciter le poil des jambes.

Mais voilà, les femmes étaient probablement plus aptes que les hommes à affronter cette redéfinition du genre (c'est normal, le dominant n'aime jamais se voir remis à sa place). Elles le sont probablement encore aujourd'hui. Alors qu'elles avancent à tous les points de vue, les hommes semblent stagner. Les masculinistes eux, reculent. Encore heureux qu'ils soient minoritaires.

Si hommage à rendre aux femmes il y a, c'est bien celui là. D'avoir eu le courage de la liberté et de l'existence.

Grâce à elle, ma petite fille qui va naître n'aura pas, du moins, pas autant que jadis, à se demander ce qu'être une femme veut dire. Elle se dira que peu importe ce qu'elle est, un homme ou une femme, il n'en revient qu'à elle de décider de son propre destin et de son individualité.

Je sais pas pour vous, mais à mon sens, c'est énorme. À cela je ne peux que vous dire merci mesdames.